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Séduction

Il est loin le temps où le terme revêtait un sens péjoratif, comme celui de corrompre. Aujourd’hui, la séduction est partout et elle est valorisée. Elle est même devenue l’un des piliers de notre société libérale.
Attractive gilr applying the gloss red lipstickPour que naisse l’amour, il faut que les uns et les autres se séduisent. En étant soi-même ou en usant d’artifices. Ainsi, on parle d’armes de séduction comme la beauté, le charme, le bagou, le maintien, le charisme etc. Armes destinées à attirer et à se faire aimer de l’autre. La séduction empreinte rarement au registre du rationnel mais plus à celui de l’émotionnel et elle est souvent la conséquence d’une mécanique inconsciente. C’est pourquoi séduire n’est pas nécessairement synonyme de convaincre.

S’il suffisait d’aimer…

On pourrait penser naïvement qu’il suffit d’éprouver des sentiments amoureux pour une personne pour que celle-ci vous aime en retour mais hélas, il s’avère que dans la vie réelle, il n’en ait rien. C’est même souvent le contraire que l’on peut observer lorsque deux personnes se rencontrent pour la première fois. En dehors du coup de foudre réciproque, deux personnes qui se rencontrent et se plaisent mutuellement ont tout intérêt à masquer leurs sentiments dans les premiers temps de la relation. Un amour déclaré trop tôt ou de l’attirance trop visible chez l’un, a très souvent tendance à faire fuir l’autre. Le vieil adage Suis-moi, je te fuis ! Fuis-moi je te suis ! prend ici tout son sens.
En psychologie sociale, on a observé que ce qui est rare et difficilement accessible revêt un intérêt et une valeur prononcée aux yeux des individus. Inversement, ce qui est acquis sans effort ne suscite que très peu d’intérêt. Ceci est aussi valable en amour. Si une personne se montre conquise dès le début par l’autre, il devient moins intéressant et donc moins attractif et séduisant et la rencontre a tôt fait de tourner court.
La séduction, c’est donc aussi l’art de dissimuler ses sentiments afin de susciter l’intérêt chez l’autre en apparaissant comme le trophée à conquérir au prix de grands efforts.
Si la séduction est moins affirmée une fois la relation établie, elle n’en demeure pas moins importante, si bien que si l’attrait n’est pas suffisamment entretenu au sein du couple, l’amour tend à s’émousser, voire à disparaître.

Dissymétrie homme/femme

En matière de séduction, il est aussi important de souligner la dissymétrie des genres. Si les hommes et les femmes naissent égaux en droits, ils n’en demeurent pas moins différents et ces différences créent des inégalités. L’environnement social joue bien-sûr un rôle important sur cet état de fait mais néanmoins, la physiologie est aussi un point important qui explique en grande partie les différences de comportement.
Même si on peut lire de-ci delà que les femmes ont autant de désirs que les hommes, on constate que, dans la vie courante, ce sont la plupart du temps les hommes qui sont demandeurs et sollicitent les femmes au point parfois de les harceler (voir HARCÈLEMENT). Les hommes sont dotés d’hormones (testostérone) qui exacerbent leur libido et les rendent plus agressifs et plus compétitifs vis-à-vis des autres hommes. Les quelques femmes qui ont fait l’expérience de s’injecter des hormones mâles témoignent qu’elles ont vu leurs désirs sexuels décuplés. D’autre part les femmes sont soumises à des cycles1Rappelons qu’à la différence de la majorité des mammifères, la femme ne possède pas de périodes de chaleur (œstrus). (ovulation, menstrues) qui jouent un rôle non négligeable sur la variation de leurs humeurs et de leurs désirs2Peut-on penser que les femmes gèrent mieux leurs frustrations en cédant plus facilement à l’achat compulsif ?, les rendant plus ou moins réceptives aux sollicitations des hommes.
L’éducation et la morale viennent s’ajouter à cela, contraignant les femmes à masquer autant que possible l’expression de leurs désirs, si bien que leur séduction prend la forme d’une séduction discrète et en apparence passive mais d’une grande efficacité.
Les hommes sont ainsi condamnés à courir après les femmes, à chercher l’intérêt qu’ils suscitent chez elles et celles-ci à consentir ou non à leurs accorder leurs faveurs.

Dissymétrie de l’Œdipe3« Vers la féminisation », Alain Soral, 2007.

Un autre facteur qui tend à montrer l’inégalité des hommes et des femmes en matière de séduction (voire de montrer la supériorité des femmes dans ce domaine) est lié à la dissymétrie de l’Œdipe.
Le garçon nait dans l’amour de la mère et voit le père comme un rival quant à la fille, si elle voit le père comme une conquête à réaliser, elle nait, elle aussi, dans l’amour de la mère et ne voit donc pas en celle-ci une rivale même si elle s’en détache plus tôt pour aller vers le père. Ainsi, la fille est, dès la petite enfance, encline à la séduction, car l’amour du père ne lui est pas acquis originellement. Le petit garçon, quant à lui, n’a pas besoin de séduire sa mère dont il possède l’amour exclusif, il vit avec elle l’amour parfait fusionnel. Amour qui se transforme en nostalgie quand il acquière les structures mentales qui lui permettent d’accepter l’autre (le père) et de s’ouvrir aux réalités du monde. Très tôt baignée dans ce rapport de séduction, la petite fille prend vite conscience du pouvoir d’attraction qu’elle exerce sur le garçon, le garçon qui recherchent chez la fille un substitut à l’amour originel perdu. Ce rapport de séduction tourne à l’avantage de la fille qui incarne la mère chez le garçon naïf nostalgique de l’amour originel4L’amour de la jeune fille a tôt fait de se transformer en trahison lorsque celui-ci s’éteint, générant chez le garçon épris, ses premiers ressentiments à l’encontre des femmes..

Séduire pour survivre

La séduction se situe dans un enjeu fondamental qui va bien au-delà d’une recherche de satisfaction narcissique ou d’une quête de plaisirs, elle s’inscrit dans un mécanisme de sélection naturelle impitoyable où les laisser pour compte sont exclus du privilège de reproduction. Dans une société libérale censée abolir les contraintes (celles du mariage traditionnel par exemple), l’individu n’a plus d’autre choix, s’il veut perpétuer ses gènes, que de s’engager à corps perdu dans la lutte pour séduire5Dans une société où (presque) tout s’achète, l’argent peut constituer une alternatif pour les personnes manquant d’attraits physiques..

ARMES DE SÉDUCTION

Pour séduire, le charme naturel ne suffit pas. L’homme et la femme ont besoin de développer des qualités physiques ou intellectuelles attractives qui vont les amener à séduire le partenaire potentiel.

L’homme, le mâle alpha

L’homme, s’il veut séduire la femme, doit revêtir toutes les qualités du mâle alpha.
Dans le règne animal, chez bon nombre de mammifère vivant en groupe, le mâle alpha est le mâle dominant de la meute. Il est théoriquement le seul à avoir le droit de copuler avec les femelles6Il apparait en réalité que les autres mâles accèdent aussi aux faveurs des femelles mais le font à l’abri du regard du mâle alpha..
Les caractères que la femme recherche chez l’homme, ce sont donc ceux de celui qui domine les autres par son physique, sa prestance, son train de vie, son charisme… évoquant chez la femme la confiance et la sécurité et éventuellement la possibilité de s’accoupler avec un individu possédant un bon potentiel génétique7Rappelons qu’aucun individu n’est capable de mesurer le génome humain au premier coup d’œil, cependant nous sommes en mesure, le plus souvent de manière inconsciente, de détecter les indications d’une bonne génétique chez le partenaire comme la symétrie du visage, l’aspect général, les difformités….
Ainsi une femme verra le mâle alpha chez l’homme riche ou qui occupe des fonctions importantes dans la société…
Les armes de séductions de l’homme vont se baser sur le développement de sa capacité à posséder le plus possible les critères qui donneront de lui l’image du mâle dominant. Il fera en sorte de montrer à la femme ses aptitudes à la protéger et à subvenir à ses besoins. Ainsi l’étalage de biens matériels (salaire élevé, habits de grandes marques, voitures haut-de-gamme, appartement…) seront pour lui un atout mais il pourra aussi compenser ses manques par un étalage de son physique si celui-ci est attrayant (garantie d’une bonne génétique), son charisme qui se manifeste par l’attention des autres, sa capacité à se rendre intéressant etc.
Sa masculinité sera par ailleurs marquée par la force que l’homme dégage en présence de la femme, qu’elle soit physique (carrure athlétique) ou intellectuel (prestige du savoir)8Image du père chez la femme rassurant et protecteur. et son penchant pour la combativité et la compétitivité9Le jeune trader aux dents longues ou le sportif de haut niveau incarnant parfaitement ce rôle..

La femme, la future mère

Réduire la femme à sa simple fonction reproductrice serait, aujourd’hui, considéré comme l’expression d’une pensée phallocrate qui provoquerait une levée de bouclier de la part des associations féministes bien pensantes10Pardon Simone !. Pourtant ce qui, globalement, séduit l’homme chez la femme, c’est bien tout ce qui chez elle évoque consciemment ou inconsciemment les marques physiques de la bonne et jeune génitrice : taille fine, hanches marquées, poitrine généreuse, lèvre pulpeuse…
La séduction chez la femme va donc se baser sur le fait que pour plaire et être désirable, elle devra montrer à l’homme qu’elle est jeune et qu’elle est potentiellement capable d’enfanter.
Ses armes de séduction tourneront autour de l’apparence : vêtements qui mettent en valeur les formes, le maquillage et les soins qui font paraître plus jeune, … voire dans les cas extrêmes le recourt à la chirurgie esthétique.
La séduction ne passe pas uniquement par ces marques de féminité, elle se trouve renforcer par un ensemble d’éléments qu’on a l’habitude d’associer à la femme comme la douceur, douceur des lignes, douceur du regard, douceur de la peau, douceur de la voix11Signes évocateurs de la mère pour l’homme en quête de l’amour originel.… et par des qualités que l’on voudrait la voir revêtir comme l’inclinaison à l’abnégation12Abnégation qui pour l’homme traditionnel peut se traduire par la prise en charge des tâches ménagères et les soins à apporter à la progéniture..

COACHING EN SÉDUCTION

coachDepuis le début des années 2000, on a vu naître en France une nouvelle mode venue des États-Unis, consistant à enseigner aux jeunes hommes l’art et la manière de séduire les femmes. L’enseignement va du cours didactique ou des séminaires expliquant comment fonctionne une femme et comment l’aborder jusqu’à la mise en pratique directement dans la rue.
Les techniques enseignées sont inspirées des techniques connues de manipulation (comme la preuve sociale, le toucher, la sympathie etc.13Cf. « Influence et manipulation », Robert Cialdini, 1984.), de développement personnel, voire de certaines techniques de PNL. En décortiquant et en expliquant le comportement féminin, l’apprenti séducteur acquière une confiance en lui qui va lui permette de démythifier la femme et donc de l’approcher plus facilement.

Une activité lucrative venue de l’Ouest

Les pionniers du coaching en séduction ont vu le jour aux Etats Unis dans les années 1990. Dans des grandes villes comme Los Angeles, aborder une femme dans la rue afin d’obtenir son numéro de téléphone relevait de l’exploit. Ainsi un homme avec beaucoup de charisme comme l’était Ross Jeffries14Ross Jeffries est considéré comme étant l’homme qui est à l’origine du coaching en séduction, il aurait inspiré le personnage de Tom Cruise dans Magnolia (Paul Thomas Anderson, 1999) et conseillé les réalisateurs du film Hitch (Andy Tennant, 2005). a commencé à distiller son enseignement à partir d’une méthode qu’il a appelé la Speed Seduction. Ses élèves (David DeAngelo, Mystery15Mystery de son vrai nom Erik von Markovik est l’auteur de The Mystery Method: How to Get Beautiful Women into Bed et principal intervenant dans l’émission de téléréalité Les Rois de la drague sur MTV qui met en pratique sa méthode., Neil Strauss16Neil Strauss est l’auteur de The Game : Les secrets d’un virtuose de la drague (2005), livre qui a révélé au grand public l’existence de la communauté de la drague. Ce livre raconte son parcours au sein de cette communauté et ses relations avec ses principaux acteurs Mystery, Ross Jeffries…) lui ont ensuite emboité le pas jusqu’à le surpasser en montant une véritable industrie où la principale source de capitaux était le porte-monnaie du jeune homme frustré en quête d’amour. Autour de ces gourous se sont développés sur Internet des forums qui avaient pour thème la séduction. C’est ainsi que cette communauté de dragueurs se faisant appeler pick up artists s’est faite connaitre à travers le monde et notamment en France où de jeunes coaches à la française ont trouvé là l’opportunité d’engranger de l’argent en distillant ce nouvel enseignement.

Un vocabulaire d’experts

Ces professionnels de la drague utilisent un vocabulaire spécifique pour décrire et expliquer le comportement des femmes et nommer leurs techniques de séduction, un lexique qui puise quelque fois ses sources dans le marketing.

En voici quelques exemples :

Bitch shield n. m. Défenses que met en œuvre une femme pour ne pas passer pour une fille facile. Cela se traduit, par exemple, par l’expression de principes comme le refus d’embrasser ou de coucher le premier soir.

Buyer’s remorse n. m. Sentiment de regret qu’une femme éprouve après un rendez-vous où elle estime avoir cédé trop tôt et trop vite aux avances d’un homme sans toutefois aller jusqu’à coucher avec lui. Ceci se traduit généralement par le fait qu’elle éconduit l’homme le lendemain par téléphone, par texto ou par un silence17Le fameux silence d’une femme injoignable au lendemain d’un rendez-vous trouve ici une bonne explication..

Close n. m. Clôture d’un rendez-vous. On parle de Kiss-Close quand on conclut un rendez-vous par un baiser.

EC n. m. (Eye Contact). Coups d’œil soutenu qu’une femme vous lance à la dérober ceci dans le but d’attirer l’attention d’un homme.

HB n. f. (Hot Babe). Désigne une femme dont la plastique est particulièrement attractive et sexy. Le sigle est suivi d’un numéro pour indiquer le niveau de beauté qu’on accorde à une femme déjà sexy. L’échelle va de HB1 jusqu’à HB10 pour une femme d’une beauté parfaite.

IOIs n. m. pl. (Indicators of interest). Signes d’intérêt qu’une femme manifeste pour un homme lors de la rencontre (regard, gestuels, questions qu’elle pose pour montrer son intérêt etc.).

LSE n. (Low Self Esteem) Désigne un homme ou une femme possédant une faible estime de sa propre personne, par manque de confiance, timidité ou autre18Le rôle des parents est important dans l’image qu’une personne a d’elle-même. Les personnes sûres d’elle-même ont souvent été bercées et nourries par la grande estime qu’elles tenaient de leurs parents..

Kino n. m. Diminutif de kinesthésique. Toute sorte de toucher physique que l’on fait lors d’une rencontre.

Opener n. m. Phrase d’introduction pour commencer une interaction avec une femme (ou un groupe).

Target n. f. Désigne la femme que l’on veut séduire.

Wing n. m. Partenaire de drague. Celui-ci épaule le dragueur et lui donne confiance.

Notes   [ + ]

1. Rappelons qu’à la différence de la majorité des mammifères, la femme ne possède pas de périodes de chaleur (œstrus).
2. Peut-on penser que les femmes gèrent mieux leurs frustrations en cédant plus facilement à l’achat compulsif ?
3. « Vers la féminisation », Alain Soral, 2007.
4. L’amour de la jeune fille a tôt fait de se transformer en trahison lorsque celui-ci s’éteint, générant chez le garçon épris, ses premiers ressentiments à l’encontre des femmes.
5. Dans une société où (presque) tout s’achète, l’argent peut constituer une alternatif pour les personnes manquant d’attraits physiques.
6. Il apparait en réalité que les autres mâles accèdent aussi aux faveurs des femelles mais le font à l’abri du regard du mâle alpha.
7. Rappelons qu’aucun individu n’est capable de mesurer le génome humain au premier coup d’œil, cependant nous sommes en mesure, le plus souvent de manière inconsciente, de détecter les indications d’une bonne génétique chez le partenaire comme la symétrie du visage, l’aspect général, les difformités…
8. Image du père chez la femme rassurant et protecteur.
9. Le jeune trader aux dents longues ou le sportif de haut niveau incarnant parfaitement ce rôle.
10. Pardon Simone !
11. Signes évocateurs de la mère pour l’homme en quête de l’amour originel.
12. Abnégation qui pour l’homme traditionnel peut se traduire par la prise en charge des tâches ménagères et les soins à apporter à la progéniture.
13. Cf. « Influence et manipulation », Robert Cialdini, 1984.
14. Ross Jeffries est considéré comme étant l’homme qui est à l’origine du coaching en séduction, il aurait inspiré le personnage de Tom Cruise dans Magnolia (Paul Thomas Anderson, 1999) et conseillé les réalisateurs du film Hitch (Andy Tennant, 2005).
15. Mystery de son vrai nom Erik von Markovik est l’auteur de The Mystery Method: How to Get Beautiful Women into Bed et principal intervenant dans l’émission de téléréalité Les Rois de la drague sur MTV qui met en pratique sa méthode.
16. Neil Strauss est l’auteur de The Game : Les secrets d’un virtuose de la drague (2005), livre qui a révélé au grand public l’existence de la communauté de la drague. Ce livre raconte son parcours au sein de cette communauté et ses relations avec ses principaux acteurs Mystery, Ross Jeffries…
17. Le fameux silence d’une femme injoignable au lendemain d’un rendez-vous trouve ici une bonne explication.
18. Le rôle des parents est important dans l’image qu’une personne a d’elle-même. Les personnes sûres d’elle-même ont souvent été bercées et nourries par la grande estime qu’elles tenaient de leurs parents.